MDC-FPU  Forum «Liberté d’expression et journalisme citoyen pour le Nord-Ouest»

MDC-FPU Forum «Liberté d’expression et journalisme citoyen pour le Nord-Ouest»

Le coup d’envoi des travaux du « programme d’appui à la liberté d’expression et au journalisme citoyen dans le Nord-Ouest tunisien» a été donné vendredi 16 mars 2018 à Tunis en présence de participants venus des 4 gouvernorats du Nord-Ouest à savoir Béja, Siliana, le Kef et Jendouba. Il s’agit d’activistes de la société civile, de représentants de médias, de directeurs de maisons de jeunes, d’universitaires ainsi que de promoteurs de projets culturels.

Thameur Zoghlami, journaliste et rédacteur en chef de la Radio Culturelle, a présenté dans le cadre de ce forum, les résultats d’une étude « mapping » portant sur le paysage médiatique dans les quatre gouvernorats du Nord-Ouest tunisien.

Le débat qui a suivi a porté sur les raisons de l’absence d’initiatives de création de radios privées diffusant sur les fréquences FM et ce, en dépit de l’explosion après 2011 de la diffusion radiophonique et du lancement de plusieurs radios privées commerciales et associatives dans différentes régions du pays.

Certains participants se sont montrés déçus de cette situation tout en imputant la responsabilité à l’Etat. Selon eux, l’Etat a laissé grandes ouvertes les portes devant les stations de radio commerciales basées à Tunis, qui ont accaparé l’audience dans le Nord-Ouest. Les opinions ont divergé sur cette question. Certains participants ont défendu la liberté de concurrence alors que d’autres ont défendu les spécificités régionales face à l’impact négatif du monopole des stations de radios de la capitale.

Le débat a ensuite porté sur la nature des liens entre journalisme citoyen et journalisme professionnel. Certains ont mis l’accent sur les pratiques irresponsables et non-professionnelles des «intrus» qui diffusent à travers les plateformes des réseaux sociaux, un contenu portant atteinte à la vie personnelle et à la déontologie du métier. D’autres ont au contraire mis l’accent sur les efforts déployés par les journalistes citoyens pour transmettre, en temps réel, les préoccupations des citoyens de la région. A l’issue de ce débat, les participants sont toutefois arrivés à un consensus et se sont mis d’accord sur le fait que le journalisme citoyen n’est pas une menace ou un concurrent au journalisme professionnel. Les fonctions et les objectifs du journalisme citoyen ne sont pas les mêmes que ceux du journalisme professionnel, ont-il admis, ce qui fait qu’ils sont plus complémentaires que concurrents.

Puis la parole a été donnée aux directeurs des maisons de jeunes présents, pour présenter leurs expériences au sein des clubs qu’ils dirigent, dont particulièrement les clubs de journalisme. Sami Mersni, directeur de la maison de jeunes de Ain Soltane, dans la délégation de Ghardimaou a dans ce contexte rappelé la politique du ministère de la jeunesse et des sports qui encourage les initiatives de création de radios Web au sein des maisons de jeunes, notamment suite à la réussite de l’expérience de clubs de Journalisme.

Badis Belghith, directeur de la maison de Jeunes à Makthar, dans le gouvernorat de Siliana, a de son côté mis l’accent sur l’expérience pilote de son établissement, crée en 2009, en matière de journalisme citoyen. Il a rappelé que la maison de jeunes de Makthar a adopté depuis 2011 une initiative médiatique en collaboration avec le site électronique Nawaat. Cette initiative soutenue par l’agence française de coopération médias CFI s’est soldée par la création d’un projet de « média citoyen » dit « Maktaris News ». Il a indiqué que le Club de Journalisme citoyen, au sein de la maison de Jeunes à Makthar, a formé depuis 2011 pas moins de 200 jeunes. Parmi ces derniers, nombreux ont choisi de s’inscrire dans des écoles de journalisme, publiques et privées, après l’obtention du Baccalauréat. Ceux qui n’ont pas poursuivi leurs études universitaires, ont été encadrés par ces clubs et donc sauvés de la délinquance qui les menaçait.

Dans ce même ordre d’idées, Jamila Berrabii, directrice de la maison de jeunes à Dahmani, a mis l’accent sur le rôle joué par le Club de journalisme citoyen au sein de cet établissement. Elle a assuré que ce club, formé de jeunes photographes amateurs, a produit plusieurs reportages audiovisuels traitant divers problèmes dont souffre la ville de Dahmani tels que la prolifération des chiens errants, la pollution et l’état lamentable des routes. Ces reportages ont poussé les autorités régionales à réagir et à prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation.

Il est à noter que plusieurs professionnels ont pris part au débat, dont notamment le journaliste Nabil Arfaoui, rédacteur en chef de Radio Le Kef, Dr Mustapha Touaiti, professeur de civilisation et sciences humaines à l’université de la Manouba, Dr. Abdelhamid Hilali, chercheur en histoire contemporaine à l’Institut Supérieur d'Histoire de la Tunisie Contemporaine, Cherifa Oueslati, cheffe du bureau régional de l’Agence Tunis-Afrique-Presse, ainsi que le journaliste Abdelkarim Soltani.

Afin de permettre aux participants à ce forum de garder le contact et de fonctionner en réseau, un groupe Facebook a été créé, son administration a été confiée à la journaliste Hajer Ben Hassen, qui veillera à poster toutes données relatives aux activités organisées au sein de ce programme, notamment les sessions de formation destinées à former 20 jeunes du Nord-Ouest à la bonne pratique du journalisme citoyen.

Lors de son allocution de bienvenue, le professeur Abdelkrim Hizaoui, président de Media Development Center (MDC) a présenté les grands axes du programme d’appui à la liberté d’expression et au journalisme citoyen dans le Nord-Ouest, mis en place par MDC en partenariat avec Free Press Unlimited et soutenu par l’ambassade des Pays-bas à Tunis.

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